Derrière une force politique, une religion, une révolution scientifique ou sociale, on trouve souvent un livre… Chahuteurs de conscience, les ouvrages révolutionnaires furent tour à tour décriés, encensés, parfois même bannis et réduits en cendres. Des manuscrits de la Mer Morte au Journal d’Anne Frank, sélection des titres qui ont écrit l’Histoire.
Il y avait des livres avant l’imprimerie de Gutenberg. Plus tôt encore, des écorces sur lesquelles des inscriptions nébuleuses étaient gravées. L’histoire de l’écriture commence sur des tablettes d’argile, en Mésopotamie, il y a cinq millénaires ; mais elle apparaît aussi, sans lien apparent, au IIe millénaire av. J.-C. en Chine – formes taillées dans des os ou des carapaces de tortues – et dans l’art olmèque d’Amérique du Sud quelques siècles plus tard. Depuis, cet art s’est démocratisé, les alphabets se sont standardisés, et des personnes ont été chargées de collecter, trier et enrichir les écrits des Hommes. Ainsi ont pu naître les grandes révolutions écrites de notre temps.
Bible, Torah, Coran : premières pages des grandes religions
L’expression « religions du Livre » paraît impropre aux trois religions, mais il est évident que leurs textes fondateurs – Bible hébraïque, Nouveau Testament, Coran – revêtent une importance toute particulière dans le rassemblement de leurs adeptes. Objet de culte et de dévotion, la Bible est l’un des premiers textes diffusés par l’imprimerie. Gutenberg lança l’impression des premiers exemplaires en mars 1455 : circulant à travers le continent européen en langue vulgaire (et non plus en latin), chacun put se livrer à ses propres interprétation des versets saints. Ce n’est pas un hasard si la Réforme protestante a soufflé l’Europe un demi-siècle après l’imprimerie !
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A en croire Victor Hugo, « l’Angleterre a deux livres : un qu’elle a fait, l’autre qui l’a faite ; Shakespeare et la Bible. » De toutes les éditions, c’est la version du roi britannique Jacques Ier, distribuée à partir de 1611, qui fait autorité depuis quatre siècles (même si elle a été révisée depuis). Cette dernière a profondément influencé non seulement la foi mais aussi le vocabulaire et la littérature anglo-saxonne. Pourtant, plusieurs coquilles se sont glissées dans les premières éditions, notamment ce blasphème : en lieu et place de « Our God hath shewed us his glory and his greatnesse » (Notre Dieu nous a montré sa gloire et sa grandeur) était auparavant mentionné « Our God hath shewed us his glory and his great-asse » (Notre Dieu nous a montré sa gloire et son grand postérieur). Une vengeance des imprimeurs, peut-être ?

Qu’en est-il du Coran ? Plus tardif que ses équivalents bibliques, il contient au bas mot une cinquantaine de références renvoyant aux textes antérieurs : on y retrouve Abraham, Adam, les apôtres, Isaac, Jacob, Ezekiel, Gabriel… Nombreuses sont les passerelles unissant les trois religions. Mais il va sans dire que le corpus religieux est celui qui cumule le plus d’autodafés. Quoi qu’il en soit, difficile de contester leur impact sur l’histoire des sociétés : les écrits religieux ont motivé bien des guerres et des persécutions ! Les institutions religieuses ont longtemps été le principal foyer d’autorité, de justice et d’éducation, et nos cultures restent durablement imprégnées des valeurs chrétiennes – ainsi que de ses tabous.
L’Art de la Guerre de Sun Tzu : armée, mode d’emploi
Au Ve siècle av. J.-C., Sun Tzu (« Maître Soleil ») est un général d’armée au royaume de Wu, au sud-est de la Chine. Fin stratège, il explore les différentes techniques à maîtriser pour sortir victorieux du champ de bataille. Assez habilement, il insiste sur la tactique à employer en dehors : « soumettre l’ennemi par la force n’est pas le summum de l’art de la guerre, le summum de cet art est de soumettre l’ennemi sans verser une seule goutte de sang. » Manœuvres diplomatiques, utilisation d’espions, sécurisation d’alliances, duperies et stratagèmes – tout est bon pour s’adjuger la victoire finale… En plus de Mao Zedong, qu’on disait fervent lecteur de Sun Tzu, le général vietnamien Võ Nguyên Giáp aurait appliqué ses leçons pour remporter une victoire décisive contre les Français à Điện Biên Phủ en 1954. Enfin le général Douglas Mac Arthur, menant les soldats américains sur le front Pacifique de la Seconde Guerre Mondiale, aurait également confessé qu’il « avait toujours un exemplaire de l’Art de la Guerre sur son bureau ».

La République de Platon : brouillon politique de l’Occident
« Ce qui donne naissance à une cité, […], c’est, je crois, l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu’il éprouve d’une foule de choses. » Le philosophe grec, disciple de Socrate, a retranscrit toutes les leçons de son maître dans ce fameux dialogue, fondement de sa philosophie politique. Défenseur de la vertu, du bien, de la démocratie, de la justice et du droit des femmes, ce texte révolutionnaire (du IVe siècle av. J.-C.) influencera ensuite Aristote, Cicéron et Saint Augustin ! Si les écrits de Platon ont ensuite survécu pendant deux millénaires et demi, c’est un petit miracle ; les textes de son principal rival et contemporain, Démocrite, ont quasiment tous été perdus. De toute manière, « Platon avait eu l’intention de brûler tous les écrits de Démocrite qu’il avait pu rassembler » racontera Diogène Laërce au IIIe siècle de notre ère… Decette période de libre-pensée la censure n’est pas exclue : Protagoras, exprimant un irréparable doute divin (« Des dieux, je ne sais ni s’ils sont ni s’ils ne sont pas »), est chassé de la cité par les Athéniens et ses écrits détruits sur la place publique…

L’Encyclopédie de Diderot : les Lumières mises à la page
Œuvre aussi colossale que lumineuse, L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers se présente comme une compilation des connaissances humaines du XVIIIe siècle. Entre 1751 et 1772, plus de cent cinquante philosophes, mathématiciens, géographes, penseurs, savants, artistes, diplomates assombrissent ses feuillets et grossissent l’ouvrage (17 volumes de texte, 11 volumes d’illustrations et 74 000 articles, rien que ça !). Denis Diderot, « rédacteur en chef » de L’Encyclopédie, signe pas moins de 5000 articles, jusqu’à l’épuisement – il écrira au terme de cette aventure éditoriale : « le grand et maudit ouvrage est fini ».

Pourtant, même après la relecture attentive des dix-sept volumes, l’ouvrage est loin d’être terminé. Mettant en avant des idées pionnières sur les mœurs, l’esclavage, la société, la religion, L’Encyclopédie s’expose à la censure des autorités. En 1752, c’est décidé – le Conseil du roi interdit les deux premiers volumes, contenant à l’en croire « plusieurs maximes tendant à détruire l’autorité royale, à établir l’esprit d’indépendance et de révolte, et, sous des termes obscurs et équivoques, à élever les fondements de l’erreur, de la corruption des mœurs, de l’irréligion et de l’incrédulité ». Mais leurs auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai : les Voltaire, Diderot, Rousseau ont déjà connu la réprimande royale (et s’en sont tiré en publiant clandestinement leurs œuvres ou en allant se faire éditer à l’étranger). Même Diderot est condamné à l’internement au château de Vincennes pendant la période de rédaction de l’ouvrage !
« L’Encyclopédie fut bien plus qu’un livre. Ce fut une faction… L’Europe entière s’y mit. »
JULES MICHELET
Qu’en est-il de son impact ? Pour échapper à la censure, certains articles ont dû être scarifiés voire carrément aseptisés. Mais l’ouvrage, mis en vente, récolte tout de même 4000 souscriptions. A la table de Louis XV, qui a fait confisquer l’œuvre, Madame de Pompadour s’amuse : « Sire, vous avez donc confisqué ce magasin de toutes les choses utiles, pour le posséder seul et pour être le seul savant de votre royaume ». L’ouvrage suscite bien des réactions politiques, sociales et religieuses ; il indigne notamment le Pape Clément XIII qui réclame aux catholiques, « sous peine d’excommunication, de brûler les exemplaires en leur possession ». En effet, l’œuvre sème une pensée révolutionnaire abreuvée d’humanité, raisonnée et unie contre les absolutismes. Ses articles sont traduits anonymement en Angleterre, en Allemagne, en Italie et jusqu’en Russie. Les graines des grandes révolutions sont semées… Diderot ne verra jamais leur aboutissement, mais il avait prévu cette éventualité : en 1762, il écrit : « cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j’espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n’y gagneront pas. » Visionnaire…
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Le Manifeste Communiste de Marx et Engels : plaidoyer pour une révolution
« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. » Voici comment s’ouvre le Manifeste du Parti Communiste, publié en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engels. Là où Adam Smith avait, un siècle plus tôt avec La Richesse des Nations, jeté les bases du capitalisme, les philosophes allemands lancent un cri passé à la postérité – appel à la révolution mondiale : « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Un contexte d’industrialisation de masse, qui pousse les anciens ruraux à embrasser l’industrie, avec ses logements insalubres et ses conditions de travail précaires, devient le berceau d’une nouvelle force politique.

L’année de publication du pamphlet coïncide avec le Printemps des Peuples, qui souffle l’Europe : Paris, Berlin, Milan, Prague, Vienne s’embrasent. Passé relativement inaperçu dans la seconde moitié du XIXe siècle, c’est après la Révolution russe de 1917 que le texte (et ses idéaux) se diffusent largement. Un an plus tard, la Russie devient le premier état « ouvrier » mais Marx, emporté par la tuberculose en 1883, ne peut pas voir ses idées fleurir dans les socialismes… Ses derniers mots, adressés selon la légende à sa femme de chambre, seraient les suivants : « Dehors ! Les derniers mots sont pour les imbéciles qui n’ont rien dit de leur vivant. » Ironie de l’histoire pour cet anticapitaliste, la visite de sa tombe est désormais payante…
La Case de l’Oncle Tom d’Harriett B. Stowe : le livre qui déchira l’Amérique
Après avoir rencontré cette femme frêle, Abraham Lincoln aurait déclaré, surpris : « C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre ? » C’est en 1862 que cette scène se serait produite, une décennie après la sortie de La Case de l’Oncle Tom. Son auteure, qui l’a d’abord publié sous la forme d’un feuilleton dans un journal abolitionniste, y critique vivement la civilisation sudiste et le modèle esclavagiste. Son personnage principal finit par exulter : « je foule un sol libre et je suis un homme libre. Je n’appartiens plus qu’à moi-même. »

Mais les États-Unis de l’époque, myriade d’États en parfait désaccord, sont encore loin du compte… Au nord, cela fait plus de vingt ans que la cause abolitionniste gagne du terrain, mais le changement s’opère avec l’élection de Lincoln, en mars 1861. Tandis que dans le sud, la grogne des esclavagistes se fait entendre : voyant leur commerce comme une nécessité économique, les Sudistes dénoncent l’œuvre de Stowe, qualifiée de « vieille peau grossière », « mégère », « harpie » dans les journaux locaux. Dans certains États, le fait de posséder le livre devient répréhensible (un certain Samuel Green écope de dix ans de prison). Des romans « anti-Tom » s’y publient même les années suivantes (comme Aunt Phillis’s Cabin, or Southern Life As It Is), présentant la plantation esclavagiste comme un lieu où il fait bon vivre, voire dénonçant les industries du nord exploitant à leur tour leurs masses de travailleurs blancs.
Quoi qu’il en soit, le roman de Stowe fait l’effet d’une bombe dans l’opinion publique, révélant aux Nordistes les horreurs d’un modèle sur lequel la civilisation américaine s’est bâtie. Il s’en vend 300 000 exemplaires en moins d’un an, et il devient habituel pour les familles de se réunir, le soir, autour de ce livre. On connaît la suite : en avril 1861 éclate la Guerre de Sécession, qui déchire le pays en deux et met en terre entre 600 000 et 750 000 Américains. Ce qu’il en coûte pour fouler un sol libre.
De l’origine des espèces de Darwin : bond de géant pour la science
L’Église n’a pas toujours été tendre avec les penseurs et les savants. Qu’on se souvienne du procès de Galilée, en 1633, ou de Giordano Bruno, brûlé vif en 1600 ; la liberté de penser n’est jamais acquise d’avance… Plus de deux siècles plus tard, lorsque Darwin publie un traité révolutionnaire sur l’origine des espèces et leur évolution, le Vatican et l’église anglicane rejettent en bloc ses théories, qui contredisent la création divine des animaux formulée dans la Genèse. « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. » Le coup de tonnerre vaut aussi pour l’Homme, rangé dans la grande galerie des animaux, avec le singe pour aïeul…

Selon Darwin, l’évolution est purement et simplement le fruit du hasard. Sa théorie phare : la « sélection naturelle » offre aux spécimens possédant des caractères avantageux – capacité à échapper aux prédateurs, se nourrir, se camoufler, attirer des partenaires – davantage de chances de survie. Leurs attributs sont ensuite légués, via l’hérédité, aux générations suivantes. Ainsi les espèces les plus adaptées survivent et prospèrent : l’ours polaire dont la fourrure le dissimule sur la banquise, la girafe dont le long cou permet de mâchonner les acacias, et ainsi de suite.
Cette thèse révolutionnaire, publiée en 1859, va créer un débat enflammé dans l’Angleterre du XIXe siècle, n’épargnant pas les milieux scientifiques, philosophiques et religieux. La théorie de Darwin s’apprête à devenir la pierre angulaire des sciences de la vie, et va motiver des savants à chercher dans leurs disciplines respectives autre chose que la main de Dieu. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir : dans son bilan annuel de 1859, la prestigieuse Royal Society évoque « une année scientifique un peu décevante, où rien de très important n’a été découvert ». Un petit pas pour l’Homme…
Le Journal d’Anne Frank : secrets d’une vie volée
Anne Frank reçut un manuel vierge le 12 juin 1942 : elle fêtait alors son treizième anniversaire. Trois semaines plus tard, la famille Frank reçoit l’ordre de se rendre dans un camp de travail nazi ; c’est le début d’une vie de planque dans « l’Annexe » d’un immeuble d’Amsterdam, au numéro 263 de la rue Prinsengracht. Les premières lignes du journal d’Anne : « je vais pouvoir, j’espère, te confier toutes sortes de choses, comme je n’ai encore pu le faire à personne, et j’espère que tu me seras d’un grand soutien et réconfort ».

Pendant deux ans, Anne et sept autres personnes partagent cette annexe, perchée dans un quartier d’usines et d’entreprises. Parfois, la jeune fille observe un marronnier par la lucarne – un ersatz de nature. « Une voix intérieure me crie : Je veux sortir, de l’air, je veux rire ! Je n’y réponds même plus, je m’étends sur le divan et je m’endors pour raccourcir le temps, le silence et l’épouvantable angoisse, car je n’arrive pas à les tuer. » Elle écrit son dernier passage dans son journal le 1er août 1944. Trois jours plus tard, l’annexe est découverte par la police allemande, et tous ses occupants sont déportés. Anne n’en reviendra jamais.
Et le journal ? Récupéré par Otto Frank, son père – et seul rescapé parmi les occupants de l’Annexe –, ce dernier décide de le faire publier. En 1947, c’est chose faite. Depuis traduit en plus de 70 langues, il s’en est distribué plus de 30 millions d’exemplaires, et l’ouvrage reste une référence pédagogique pour aborder l’Holocauste (notamment avec les plus jeunes). Ce qui rend le livre si important, ce n’est pas seulement le contexte de son écriture ; c’est le récit d’une adolescente ordinaire qui grandit dans un contexte extraordinaire. Elle qui fut emportée par le typhus à Bergen-Belsen, vers le mois de février 1945, livrée à l’indifférence, l’humiliation et la folie, elle était parvenue à écrire : « néanmoins, je crois à la bonté innée des hommes ».
Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir : histoire d’une oppression millénaire
Depuis la Défense des Droits de la Femme de Mary Wollstonecraft, publié en 1792, la philosophie féministe s’est étoffée et ses droits ont été plus vaillamment revendiqués. Mais lorsque Simone de Beauvoir publie Le Deuxième Sexe, à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, il reste bien du chemin à parcourir ! Cela fait à peine cinq ans que les Françaises ont obtenu le droit de vote, la contraception leur est proscrite, et elles nécessitent encore le consentement de leur époux pour gérer leur biens ou exercer une activité professionnelle…

Consciente du chemin qui reste à parcourir, Simone de Beauvoir plaide pour l’autonomie et l’indépendance de la femme – la simple maîtrise de son propre destin, subordonné aux hommes depuis trop longtemps. Elle s’appuie notamment sur l’Histoire et sur des siècles d’oppression et de misogynie, citant Pythagore : « Il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme et un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme ». En résumé, « toute l’histoire des femmes a été faite par les hommes » écrit-elle ; et cela doit changer par l’éducation, l’accès au travail égalitaire et à la contraception… et surtout la prise de conscience des deux sexes.
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Dès sa sortie, l’ouvrage suscite de nombreuses réactions – négatives pour la plupart – notamment en provenance des milieux catholiques ou communistes, dont les valeurs conservatrices sont heurtées. Jugé immoral, il est mis à l’Index des livres interdits de l’Église. Au même moment, la France poursuit une politique nataliste afin de repeupler le pays meurtri : la défense de l’avortement et de la contraception chahute donc l’agenda politique. Néanmoins, l’ouvrage bouleverse son lectorat, et de nombreux mouvements féministes, qui éclosent timidement dans les années 1960 et 1970, se réclameront de l’œuvre de Beauvoir. Son retentissement est impressionnant à l’étranger : aux États-Unis, il s’en vend plus d’un million d’exemplaires. A la mort de l’auteure, en 1986, Elisabeth Badinter déclame : « Femmes, vous lui devez tout ! »

Certes, on aurait pu en citer bien d’autres : Le Prince de Machiavel, véritable traité d’art politique, qui influencera durablement les usages de cour en Europe. Tous les écrits d’Homère, de Dante, de Shakespeare, pionniers littéraires sans précédent. Le conte philosophique de Voltaire Candide ainsi que La Ferme des Animaux de George Orwell, pour leurs avertissements sociétaux et moraux. Et tous les traités scientifiques : Philosophae Naturalis Principia Mathematica signé Isaac Newton, La Relativité d’Einstein… Mais soyons assurés d’une chose : les livres seuls ne suffisent pas à changer le monde. Encore leur faudra-t-il des lecteurs !
Bibliographie
- Gerasimos Santas, « Légalité, justice et femmes dans la République et les Lois de Platon », Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, 2002/2 (N° 16), p. 309-330.
- Diogène de Larte, Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. par Ch. Zevort, tome premier, Paris, Charpentier, 1847.
- Isy Morgensztern, L’aventure monothéiste. Judaïsme, christianisme, islam : ce qui les rapproche, ce qui les distingue, Paris, La Découverte, 2015.
- Romain Ducoulombier, Histoire du communisme au XXe siècle, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », Paris, 2014.
- Mathilde Larrère, « 1848, le printemps des peuples », Révolutions. Quand les peuples font l’histoire, Paris, Belin, 2013, p. 72-83.
- Denise Schmandt-Besserat, How Writing Came About, Austin, Texas: University of Texas Press, 1996.
- Robert McNamara, “Did Uncle Tom’s Cabin Help to Start the Civil War?”, ThoughtCo., 29 juin 2020.
- Pierre Le Hir, Roger Chartier, « L’Encyclopédie a rendu pensable une rupture », Le Monde, 14 janvier 2010.
- Jean-Marie Goulemot, « Diderot : l’Encyclopédie à tout prix », L’Histoire n°317, février 2007.
- Frank A. Kafker, Gisèle Loriot-Raymer, « Les traductions de l’Encyclopédie du XVIIIe siècle : quelle fut leur influence ? », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, n°12, 1992, pp. 165-173.
- Jessie Szalay, “Anne Frank: History and Legacy”, Live Science, 12 juin 2017.
- Carolyn Burdett, “Darwin and the theory of evolution”, British Library, 15 mai 2014.